/ Tout un territoire à explorer
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Machine à rêver - Tuilerie de Bezanleu

Les lieux ont-ils une âme ? Les machines un destin ? Même si cela n'est pas très cartésien, Désiré et Solange Sankara, propriétaires de la tuilerie de Bezanleu depuis 2016, semblent avoir un faible pour cette idée. Le couple poursuit sans relâche et avec passion la restauration et la reconstitution de ce site industriel emblématique du XIXe siècle, situé à Treuzy-Levelay. Ils viennent de lancer, avec la Fondation du patrimoine, une campagne de financement participatif. Objectif, collecter 50 000 euros pour pouvoir accueillir un trésor que le flair de Désiré et la Providence ont placé sur leur chemin : une machine à vapeur.
Un modèle quasi identique à celle qui actionnait les rouages de la fabrique tout entière de la fin XIXe jusqu'à l'aube des années 50, avant que la vapeur ne soit remplacée par la fée électricité.
Un modèle Demange & Sarte, fabriqué en 5 exemplaires. « Cette machine, c’était probablement la dernière en son genre » explique Désiré, qui l'a déniché dans une ancienne filature à Sérézin-du-Rhône, une usine de confection de couvertures en laine. La quête de cette machine qui prend sa source dans l'enfance burkinabè de Désiré, son acquisition, puis la restauration de ce fabuleux engin, qui fut tour à tour convoité par des collectionneurs (dont un Quatari) puis promis à la ferraille, se révèle être une folle aventure. Un parcours ponctué de belles rencontres, d'heureux hasards, voire même de quelques deus ex machina, comme au théâtre, que Désiré vous racontera peut-être si vous venez visiter Bezanleu.
Aujourd'hui, la machine est acquise, ou plutôt offerte, les propriétaires, touchées par le projet en ont fait don à la tuilerie.
Il est donc temps de la rapatrier dans son nouveau domaine, dans l'espoir de voir un jour prochain la fabrication des tuiles repartir et la fumée blanche s'échapper de la cheminée, signe qu'une petite parcelle d’âme en plus aura regagné le site avec elle. « Mon objectif, c'est de la mettre en route et de la faire fonctionner au moins une fois par an, pour les journées du patrimoine », confie Désiré.
La somme que les Sankara espèrent collecter permettra de créer un socle pour y déposer la machine, puis de reconstruire la toiture du bâtiment qui deviendra l'écrin de ce joyau, « on espère, avant l'automne et les pluies » indique Solange. Mais avant cela, il faudra aussi financer son transport, depuis Giverny où l'imposante vieille dame vient d'être restaurée par des compagnons, derniers vaporistes de France. Si Solange et Désiré soulèvent des montagnes pour redonner vie à ce fleuron de notre patrimoine et l'ouvrir au public, ils espèrent que les habitants les suivront dans cette nouvelle aventure et que les donateurs seront au rendez-vous. « Il y a tellement de chantiers à mener de front, indique le couple. L'intérêt des gens pour la tuilerie, les témoignages que l'on reçoit, c’est ce qui nous porte, nous donne le courage d’avancer. Et pour eux, on a envie qu'il y ait de plus en plus de choses à voir ! »
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